mardi 20 mai 2008

Petits instants hors du temps, ou ma bise du matin

S'il y a une chose qui m'a toujours sidérée, c'est l'influence qu'ont les petits grains de sable dans les engrenages du quotidien sur les gens.
La façon dont 15 inconnus dans un bus et qui s'ignoraient jusque là vont se mettre à entrer en contact les uns avec les autres lorsque le bus tombe en panne ou percute une borne à incendie. Ces petits regards complices que l'on se jette entre voyageurs "sains d'esprit" lorsqu'un gentil hurluberlu se met à apostropher tout le monde ou chanter du Johnny à tue-tête. Bref, ces liens éphémères qui se créent dans ces situations vaguement exceptionnelles.

Moi-même pas franchement experte dans l'art d'engager la conversation (art qui n'est visiblement pas héréditaire, si l'on considère que ma mère est la plus grande pipelette de l'univers...), je ne me lasse pas d'observer (et de pratiquer à l'occasion) ces instants fugace de complicité. J'ai toujours cette impression que chacun n'attend finalement que ça : l'occasion de discuter avec son voisin.

Ce matin j'ai justement eu droit à une petite intervention du grain de sable.
Mon rituel du matin consiste à fumer une dernière cigarette (la dernière du condamné...) devant la porte de l'immeuble, sur le trottoir. D'autres personnes de l'immeuble partagent ce rituel et nous nous croisons donc souvent. Avec certains, une mini relation de potes-de-clope s'est créée et nous discutons de choses et d'autres. Avec d'autres ce ne sont que quelques échanges polis, d'autres encore se tiennent un peu à l'écart, plus loin sur le trottoir et nous n'échangeons guère plus qu'un "bonjour" ou "bonne journée".
Parmi ces derniers, une jeune homme ma foi fort charmant (et non pourvu d'alliance) que je n'avais jamais trouvé comment aborder sans y aller avec mes gros sabots (dondaine... oho-o, avec mes sabots... hem je m'égare...). Or ce matin comme d'habitude, il se tient un peu à l'écart, mais à mon arrivée le voilà qui s'approche et me confie qu'il est à la porte (oublié ses clefs, collègues pas arrivés, et patatipatata). Evidemment je ne pouvais rien faire pour lui alors à la place on a papoté en fumant nos clopes de condamnés, timidement d'abord puis tout à fait simplement. Finalement lorsque sa collègue est arrivée, on a fini par tous se faire la bise.

Dire que ça fait 6 mois que je me demande comment engager la conversation et qu'en 10mn on en est à se faire la bise...
Décidément les grains de sable sont fascinants !

5 commentaires:

Fyfe a dit…

Ben le coup des clefs, ça c'était une bonne excuse pour t'aborder ;)
(et puis la bonne vieille méthode d'oubli de briquet, t'en fais quoi alord, mmh ? ;) )

cerolinet--blog[at]yahoo.fr a dit…

Oui mais non pour le coup du briquet... [tu penses bien que j'y ai déjà réfléchi ;o) ] Comme il y a en général un petit troupeau de fumeurs devant la porte, et lui tout seul 10m plus loin, si j'étais allée le voir lui pour du feu c'était plus des sabots mais des chars d'assaut que j'aurais eus aux pieds...
---chuis une graaaaaande timide moua---
Alors le coup des clefs tu penses bien que c'était inespéré, héhéhé ;o)

La grande Cam a dit…

J'adôôre ce genre de situations...
La suite, la suite !

Anonyme a dit…

Heureusement que les grains de sable existent ! ;)

cerolinet--blog[at]yahoo.fr a dit…

Cam,
Héhéhé petite curieuse ;o)
Point de suite pour ce matin : on s'est pas croisés. Et puis je me méfie du coup du pas-marié-mais-très-casé...

Zofia,
Oué, ça améliore un peu le quotidien !