jeudi 29 mai 2008

Rien qu'une photo...

Hier soir, en me promenant sur le net et grâce à la magie des sites de réseau, je tombe presque par hasard sur la fiche de mon grand amour de jeunesse. Celui de mes premières fois, celui qui a fait battre mon coeur comme plus personne après lui (ah! la fougue de la jeunesse et des amours sur la plage...).
C'était il y a 11 ans.
Une éternité.

Sur sa fiche, peu d'infos. Pas grave, on est vaguement resté en contact (un mail une fois par an, un texto pour nouvel an et des amis communs) et je sais ce qu'il est devenu.
Sur sa fiche surtout, une photo, récente. C'est la première chose que j'ai vue, j'en suis restée bouche bée devant mon écran. Impossible de le quitter des yeux. Il n'a pas changé.

Et il a suffit de cette mini photo pas bien nette et en noir et blanc pour que tout revienne. Le coeur qui bat, la gorge qui se serre. Son odeur, ses gestes, le bruit des vagues,...
Et cette impression d'inachevé. L'envie de le retrouver, de me blottir dans ses bras et de ne plus jamais le quitter.
Rien qu'une photo et j'ai 18 ans à nouveau...

Est-ce que c'est simplement un coup de nostalgie ? Une attirance pour lui qui ne disparaîtra jamais ? Ou bien est-ce que finalement je l'avais trouvé, mon homme, mais trop tôt ?
Vaut-il mieux se contenter de rêvasser un peu devant de vieux albums, les refermer et passer à autre chose, au risque de passer à côté d'une belle histoire, ou bien tenter de les ranimer, au risque de les ternir avec du réel ?

Ca vous est déjà arrivé ? Qu'est-ce que vous avez fait ?

mercredi 21 mai 2008

Un grand moment de solitude

En ce moment et pour encore quelques jours, mon principal moyen de locomotion est le bus (essentiellement parce qu'il a fait moche en début de mois, alors j'ai pris l'abonnement mensuel et au prix où il est, je compte bien le rentabiliser). Et dans le bus, outre rencontrer de jolis enquêteurs, il se passe souvent plein de trucs.

Ce que j'aime le mieux (et je finirai sûrement en enfer pour m'adonner si souvent à ce pêché capital) c'est laisser traîner mes oreilles et écouter les conversations des autres voyageurs. Le plus souvent ce sont des groupes de minettes (solution de facilité puisque ce sont celles qui parlent le plus fort) qui échangent leurs points de vue sur les mecs, leurs relations touçatouça. Très amusant. Des fois ce sont des grand-mères (quand elles ne parlent pas alsacien : là j'arrive plus à suivre) qui s'échangent leurs ragots ou même souvent qui critiquent acerbement l'un ou l'autre des voyageurs hors de portée d'oreille. Très-très amusant. Il y a aussi des conversations téléphoniques, plus difficiles à suivre puisqu'on n'entend que la moitié, mais qui permettent de développer l'imagination en inventant ce qui manque. Très divertissant. J'aime bien aussi les disputes de couple, très instructif. Les discussions enfant-parent sont les moins drôles mais en revanche bizarrement la variante enfant-babysitter est plutôt mignonne.

Bref, tout ça pour dire que je suis une sale petite curieuse qui fait souvent semblant de lire pour mieux écouter ce qui se dit autour de moi. Discrétion est mon maître mot.
Sauf que voilà, hier je me suis fait griller.
En beauté.
Une apothéose...

J'étais installée, comme souvent, vers le fond du bus, avec mon bouquin et un croissant (trop faim !). Il n'y avait personne et je lisais pour de vrai. Quelques arrêts avant ma sortie arrive un groupe de quatre p'ti jeunes, qui s'installe en diagonale face de moi, là où il y a quatre places ensemble. Evidemment je commence à écouter ce qui se dit. En mangeant.
A un moment, l'une des filles fait part à ses camarades d'une blague qu'on lui avait racontée et qu'elle n'avait pas trouvée drôle, elle veut avoir leur avis :

Dans le fin fond de la savane, un vieux lion raconte à ses lionceaux les exploits de chasse de sa jeunesse. Très fier de lui, il dit qu'il a réussi à tuer des éléphants, attraper plein de gazelles, manger des p'tis singes à tous les repas, et décimer un groupe de panoupanou. Les lionceaux, très impressionnés, répondent "c'est quoi des panoupanou p'pa ?". Le lion, majestueux répond qu'il ne sait pas quel est le véritable nom de cette délicieuse espèce, mais qu'elle se cache dans les buissons et qu'on peut la reconnaitre à son cri "pas nous ! pas nous !" lorsqu'on s'en approche...

C'est là que j'explose de rire avant même de m'en rendre compte. Avant même d'avoir avalé mon bout de croissant, d'ailleurs. Incapable de m'arrêter et à moitié en train de m'étouffer, je me rends compte que je suis la seule à me marrer et que tout le monde m'observe l'air de dire "complètement givrée celle-là", avec en 1ere loge le p'ti groupe, qui d'une n'a pas du tout trouvé cette blague drôle et de deux a compris que je les écoutais.
Avant de passer pour une demeurée complète, je suis sortie 2 stations avant la mienne, et j'ai rigolé toute seule pendant encore 5 bonnes minutes avant de réussir à calmer ce fou rire foudroyant.
Et le pire... c'est que je crois même pas que ça m'ait servi de leçon !

Et vous, c'est quoi les blagues qui vous ont faire rire ?

mardi 20 mai 2008

Petits instants hors du temps, ou ma bise du matin

S'il y a une chose qui m'a toujours sidérée, c'est l'influence qu'ont les petits grains de sable dans les engrenages du quotidien sur les gens.
La façon dont 15 inconnus dans un bus et qui s'ignoraient jusque là vont se mettre à entrer en contact les uns avec les autres lorsque le bus tombe en panne ou percute une borne à incendie. Ces petits regards complices que l'on se jette entre voyageurs "sains d'esprit" lorsqu'un gentil hurluberlu se met à apostropher tout le monde ou chanter du Johnny à tue-tête. Bref, ces liens éphémères qui se créent dans ces situations vaguement exceptionnelles.

Moi-même pas franchement experte dans l'art d'engager la conversation (art qui n'est visiblement pas héréditaire, si l'on considère que ma mère est la plus grande pipelette de l'univers...), je ne me lasse pas d'observer (et de pratiquer à l'occasion) ces instants fugace de complicité. J'ai toujours cette impression que chacun n'attend finalement que ça : l'occasion de discuter avec son voisin.

Ce matin j'ai justement eu droit à une petite intervention du grain de sable.
Mon rituel du matin consiste à fumer une dernière cigarette (la dernière du condamné...) devant la porte de l'immeuble, sur le trottoir. D'autres personnes de l'immeuble partagent ce rituel et nous nous croisons donc souvent. Avec certains, une mini relation de potes-de-clope s'est créée et nous discutons de choses et d'autres. Avec d'autres ce ne sont que quelques échanges polis, d'autres encore se tiennent un peu à l'écart, plus loin sur le trottoir et nous n'échangeons guère plus qu'un "bonjour" ou "bonne journée".
Parmi ces derniers, une jeune homme ma foi fort charmant (et non pourvu d'alliance) que je n'avais jamais trouvé comment aborder sans y aller avec mes gros sabots (dondaine... oho-o, avec mes sabots... hem je m'égare...). Or ce matin comme d'habitude, il se tient un peu à l'écart, mais à mon arrivée le voilà qui s'approche et me confie qu'il est à la porte (oublié ses clefs, collègues pas arrivés, et patatipatata). Evidemment je ne pouvais rien faire pour lui alors à la place on a papoté en fumant nos clopes de condamnés, timidement d'abord puis tout à fait simplement. Finalement lorsque sa collègue est arrivée, on a fini par tous se faire la bise.

Dire que ça fait 6 mois que je me demande comment engager la conversation et qu'en 10mn on en est à se faire la bise...
Décidément les grains de sable sont fascinants !

lundi 19 mai 2008

Le retour de la Mafia espagnole (vol 5.)

Ca fait maintenant 5 ans que je cohabite avec la mafia espagnole. Si-si, rien de moins, la mafia !
Explications : J'habite un charmant "petit" duplex en plein centre-ville ; duplex que je loue, dans des conditions un peu étranges, à la mafia espagnole locale [je précise à toutes fins utiles pour la CIA qui passerait par là que oui c'est une façon de parler et que non, mes voisins ne sont pas des tueurs sanguinaires]. Je loue mon appart à une agence immobilière, dont le patron (nom espagnol) est propriétaire de tout l'immeuble. Je me suis d'ailleurs demandé à l'époque s'il était bien normal de payer des frais d'agence à son proprio via son agence... J'ai pas cherché plus loin parce qu'il me FALLAIT cet appart : j'étais tombée amoureuse.

3 ans plus tard, j'apprends de la bouche de ma voisine (nom et accent espagnols) que c'est en fait elle et son mari qui sont propriétaires de l'appart (et voilà qui semble régler la question des frais d'agence). Sachant que le patron de l'agence passe quasiment tous ses week-ends avec mes voisins (même pas besoin d'espionner : ils ont leur terrasse sous mes fenêtres !), que l'agence emploie la voisine en tant que concierge de l'immeuble mais que cette prestation ne figure pas sur mes relevés de charge, vous admettrez que ça fait un paquet de mafieusités...
Dans le même registre, quand j'ai eu des souci de radiateurs, de chauffe-eau ou d'électricité, on m'a envoyé des p'tis gars (noms espagnols) pour réparer tout ça. Des p'tis gars qui viennent le soir, en voiture banalisée et que je retrouve d'ailleurs régulièrement sur la terrasse des voisins...

Quoiqu'il en soit, j'ai décidé de fermer les yeux sur les cadavres certainement enterrés sous la terrasse pour me concentrer sur la mignonneté de mon appart à moi que j'ai (oui-oui je suis toujours amoureuse, comme quoi il est des amours qui durent plus longtemps que d'autres...). Jusqu'au jour où il a commencé à me pleuvoir sur la tronche en plein milieu de la nuit... fenêtre fermée !
Ca fait maintenant 2/3 ans que je vais périodiquement rouspéter chez le voisin-proprio pour réclamer qu'un quelconque membre de sa mafia fasse quelque chose pour le toit. Ca fait 2/3 ans qu'on me répond chaque année (ça n'arrive en général qu'une à deux fois par an, d'où mon manque de pugnacité -et de preuves-) "Ayé, chéfé" et que je redécouvre six mois plus tard les joies de la douche nocturne...

Et puis cet automne j'avais décidé de partir. Marre, la goutte d'eau (hahaha) avait fait son oeuvre et me poussait au déménagement. Sauf que.
Sauf que visiblement j'ai le choix entre garder ma surface (environ 50m²) et ajouter 200€ à mon loyer, ou garder le loyer et enlever environ 30m² à l'appart... Comme je n'ai l'intention ni de mettre plus du tiers de mon salaire dans un appart, ni de vivre dans un studio ou de quitter le centre ville, j'ai décidé de rester, tant pis pour la goutte d'eau.
Surtout que quelques jours après ma dernière visite d'appart, Papi-le-voisin est venu me dire que cette année il allait refaire entièrement le toit.

Je pensais donc être débarrassée à jamais de l'angoisse du pliquètement (pliqueter : action de faire plic-plic). Mais que nenni ! puisqu'hier soir j'ai eu une nouvelle fois l'agréable surprise de me glisser dans des draps détrempés (surprise assortie de l'habituel sursaut d'étonnement-et-dégout "yûûarrrrgh cékoikès ?!?" - car il s'avère que bien que mon chat soit tout ce qu'il y a de plus propre, je continue à la soupçonner en premier... "yeuuuuurrrk, du pipidcha !!" - pauvre bête !).
Evidemment il était trop tard pour aller houspiller Papi-le-voisin et lui faire tater mon matelas en guise de preuve, je vais donc aller le voir ce soir pour m'entendre dire que promis demain il appelle l'homme qui murmurait aux gouttières des toits...

J'en ai MAAAAAAAARRE !!!!
Je crois qu'il ne me reste plus qu'à adhérer à une autre mafia (chais pas moi, la mafia suisse, elle fait peur ?) pour défendre mes intérêts...

jeudi 15 mai 2008

L'accroche du jour

Or donc je me suis inscrite sur des sites de rencontre. Etant donné que mes amis (et la majorité de leurs amis) sont en couple et que je n'ai pas tant que ça de loisirs collectifs (notons au passage le fiasco total des cours d'espagnol. J'ai certes assimilé des rudiments d'une nouvelle langue, mais au niveau des rencontres c'est un domaine légèrement sinistré : 90% de filles... sur 20 personnes ! On aurait presque pu se battre pour les 10% restants s'ils n'avaient pas été tous les deux pourvus d'alliances !). Bref pas tant que ça de loisirs collectifs, aussi je me suis dit que ce pouvait être un moyen supplémentaire de rencontrer des célibataires de ma région (parlant sans doute déjà l'espagnol...). Eh bien croyez-moi, heureusement que ce n'est PAS le SEUL moyen !!!!

Je m'attendais à trouver de tout et en particulier des gens étranges. En revanche je ne m'attendais pas à ce que ces gens étranges soient aussi répandus, ni à être assaillie à ce point de sollicitations aussi incongrues, niaises ou affligeantes de banalité.

J'inaugure donc ici une nouvelle catégorie "L'accroche du jour" (que j'aurais tout aussi bien pu intituler "Mais à quoi pensent-ils ?"), où je vous livrerai tel quel un panel de mails d'accroche que je reçois...
J'inaugure avec l'approche de loin la plus répandue.
Tenez-vous bien, prenez-en de la graine, ça c'est de la drague, de la vraie, du message attachant qui donne envie de répondre :

"Bonjour"

Non-non ne cherchez pas plus loin, je n'ai rien oublié, c'est tout. Pas de titre (ou alors le même mot), un "bonjour" (ou ses variantes, de type "salut", "coucou"...) balancé tout seul comme une bouteille à la mer. Alors. Séduits ?

[Je précise à toutes fins utiles qu'il s'agit bien de mail et non pas de tchat, que je ne suis pas en ligne lorsqu'on m'envoie ces messages, et que j'en reçois facilement 2-3 par semaine...]

Et dire qu'ils paient pour ça...

mercredi 14 mai 2008

Rentrer dans le moule... mais lequel ?

J’ai entendu un jour une femme dans la rue dire à sa fille/nièce/cousine/amie qui portait un bambin tout neuf « je suis heureuse que tu aies enfin une vraie vie. Ca ne pouvait pas durer, rester toute seule comme ça à ton âge c’est pas une vie ; et heureusement que vous n’avez pas trop tardé pour avoir bébéchou » (ou en substance quelque chose du même acabit). Les mots vraie vie m’ont marquée. Ainsi la vraie vie ce serait une vie de famille. Avec un mari et des enfants (si possible deux : un garçon et une fille, plus un chien et une maison de campagne, la perfection absolue).

Mince. Et moi alors, j’ai quoi en attendant, une fausse vie ?

Il y a quelques temps je discutais avec ma grand-mère au téléphone et la conversation a commencé à dévier, comme très souvent depuis ces derniers mois, sur mon célibat et ma non-maternité.
J’avais toujours pensé que ma grand-mère était une personne très open pour sa génération. Petite, elle me disait toujours qu’il ne fallait surtout pas se marier avec le premier ; qu’elle avait eu de la chance avec mon grand-père, mais qu’il faudrait toujours en essayer plusieurs pour savoir lequel est le bon ; que la virginité avant le mariage c’est du pipeau inventé par les hommes pour ne pas que les femmes puissent comparer leurs performances (héhéhé, elle était pas trop forte ma grand-mère ?!!).
Mais visiblement il y a une date d’expiration au célibat. Et je l’ai atteinte.

Quand elle a appris que j’étais séparée de l’ex, elle n’a pas tiqué, elle devait se dire que je retrouverais quelqu’un dans la semaine, voire que j’avais déjà quelqu’un d’autre. Au bout d’un mois et demi elle a commencé à revenir à la charge « mais tu cherches au moins ? » puis à me reprocher d’être trop difficile, pas assez ceci ou trop cela. J’ai réalisé que l’image que se fait ma grand-mère des célibataires trentenaires (des vieilles filles donc), c’est un mélange confus de femme trop exigeante, de lesbienne, de féministe acharnée et de laideur. Et au fond ce qui la dérange le plus, c'est pas que je corresponde ou pas à ce schéma, c'est que les autres puissent penser que sa petite fille n'est pas "mariable"...

En gros si une femme est seule c’est qu’elle a quelque chose qui ne va pas. Ce qui est amusant, c’est que si un homme est seul c’est aussi parce que les femmes ont quelque chose qui ne va pas.

J’ai tant bien que mal tenté de lui expliquer que j’étais la même personne que l’an dernier, que je n’avais pas besoin d’un homme pour exister et que je si je suis seule c’est que jusqu’ici je n’ai rencontré personne qui me convienne, sans succès. Après m’avoir répondu que je ne devrais pas trop faire la difficile, elle m’a dit en pleurnichant qu’elle « ne voudrait pas que je gâche ma vie ».

Double mince. Non seulement j’ai une fausse vie mais en plus je la gâche !

La semaine dernière, la mère d’une amie proposait d’allumer un cierge pour qu’elle se trouve quelqu’un ; une autre, en couple depuis plusieurs années, pestait parce que dès qu’elle prononce la phrase « j’ai une bonne nouvelle » on lui répond « t’es enceinte ! » ; il y a quelques mois, une personne bien intentionnée me conseillait de faire une demande d’adoption « ça prend du temps tu sais, tu ferais mieux de t’y mettre tout de suite », etc., etc., etc.…

Il y a des moments où j’ai juste envie d’avoir 20 ans à nouveau pour qu’on me fiche la paix. Cette pression permanente est fatigante.Et des fois tout ça finit par tellement me rentrer dans le crâne que j’ai l’impression que la vie se résume à un seul thème : trouver quelqu’un.

Et puis récemment, j’ai abordé ce sujet avec ma mère. Je lui ai demandé si elle se sentirait privée de quelque chose si je n’avais pas d’enfants. Son regard interloqué m’a répondu à sa place. J’ai compris que ma mère considère que je suis en train de réussir ma vie ; qu'elle est fière de ce que je suis. Pour elle, fonder une famille n’est pas un but en soi, mais une option parmi d’autres.
Et le seul conseil qu’elle a à me donner, c’est de vivre ma vie. La mienne.

mercredi 7 mai 2008

Qui veut gagner des bébés ?

Célibataire ou pas, je continue à prendre la pilule. D'une part, on n'est jamais trop prudente et d'autre part, la pilule a révolutionné ma vie et je n'ai aucune intention de revenir aux douleurs, retards et autres joyeusetés de ma vie d'avant.
En 10 ans j'ai dû oublier 2 ou 3 comprimés et je m'en suis toujours apperçue à temps pour réctifier le tir ou prendre des précautions supplémentaires. Je n'ai donc jamais eu besoin de demander conseil à personne sur la conduite à tenir en cas d'oubli puisque je respectais assez scrupuleusement les consignes données par mon médecin de l'époque.

Or la semaine dernière, dans une frénésie de grand ménage de printemps, réaménagement et redécoration de mon appart, j'ai enlevé la plaquette de sa place habituelle et oublié de l'y remettre. Résultat : j'ai oublié de prendre les trois derniers comprimés, ça ne m'était jamais arrivé.
Ne sachant que faire dans ce cas-là (reprendre la nouvelle plaquette à la date habituelle ou l'avancer de trois jours ?), je suis allée à la pharmacie du coin pour poser la question. Et j'ai visiblement posé une question très compliquée...

  • Réponse A : Le pharmacien me dit de faire comme d'habitude, mais que cette plaquette ne sera pas efficace et que je ne serai protégée qu'à la suivante.
    J'ai trouvé cette histoire de plaquette "pour du beurre" un peu bizarre alors je suis allée dans une autre pharmacie pour me faire confirmer cette marche à suivre.
  • Réponse B : Là, autre son de cloche, je dois attendre d'avoir mes règles pour entamer la plaquette, peu importe dans combien de temps ça se produira, et ce sera efficace dès le 1er comprimé. Il me semblait savoir que les règles d'entre deux plaquettes ne sont pas des "vraies" mais juste une réaction provoquée par l'arrêt de la pilule et qu'elles sont loin d'être systématiques, aussi il me parait un peu hasardeux de se baser dessus. Je fais part de mes doutes à la pharmacienne, mais elle n'en démord pas.
    Un peu confuse par ces deux avis différents, je me décide à appeler ma gynéco pour qu'elle me confirme l'un ou l'autre. Mais toujours pas.
  • Réponse C : il faut reprendre 3 jours plus tôt, ce qui est logique puisque j'ai arrêté 3 jours plus tôt, et la prochaine plaquette sera efficace dès le début.
Me voilà donc avec trois réponses différentes en une seule journée, chacune venant d'une personne supposée être fiable. Alors qui croire ? [J'ai hésité à continuer à poser la question à d'autres médecins/pharmaciens en me demandant combien de réponses différentes j'aurais pu récolter d'ici ce soir...] Je vais faire confiance à ma gynéco, qui me semble la plus qualifiée, mais je m'interroge sur les compétences de tous ces gens.

Alors évidemment dans mon cas il n'y aura aucune conséquence puisque je ne prends plus la pilule que par confort depuis quelques mois, et il est vrai aussi qu'une grossesse surprise aujourd'hui serait nettement moins catastrophique qu'à 18-20 ans.
Le problème est que si j'avais eu 18/20ans, je me serais contentée du 1er avis sans aller chercher plus loin. Et que ce serait-il passé si ce 1er avis avait été la Réponse B ? Je ne sais pas si ça aurait pu permettre une grossesse, mais j'en ai bien l'impression. Et dans ce cas, quelle responsabilité de la part de cette jeune femme, qui aurait tout aussi bien pu avouer son ignorance et aller vérifier ou me renvoyer vers un médecin !!

A l'heure où tout le monde s'accorde (encore) à reconnaitre le droit à ne pas avoir d'enfant et où les moyens de contraception se multiplient, la France reste l'un des pays européens au plus fort taux d'avortement.
Devant cette situation, l'idée qui a longtemps persisté c'est que les femmes (frivoles que nous sommes) ne prennent pas la peine de se protéger correctement, et qu'elles prennent mal la pilule (selon une étude de l'inserm de 2004, 23% de femmes ayant avorté prenaient la pilule). Visiblement elles sont surtout mal informées.

Une campagne d'information nationale a justement été lancée par l'INPES il y a quelques mois, sur le thème "la meilleure contraception, c'est celle que l'on choisit" avec notamment un site d'information à destination des femmes -et des hommes !- (www.choisirsacontraception.fr), comme quoi on commence à se rendre compte qu'il est important de bien informer sur ce sujet.

Ce site est relativement clair et complet, mais il ne peut pas répondre à toutes les questions et n'est pas forcément accessible à tous, aussi il est nécessaire que tout cela puisse également être expliqué et rappelé par les professionnels de santé. Qu'ils soient médecins, infirmiers scolaires ou pharmacien, tous devraient avoir le même niveau d'information et proposer le même discours.

La contraception est une affaire sérieuse qui ne devrait pas être prise à la légère...

lundi 5 mai 2008

Un bus, ça transporte... parfois

Ce matin, comme tous les lundis matins, pour ne pas dire tout simplement comme tous les matins, je suis partie à la bourre. Comme quoi décidément 45mn à jouer les rouleaux de printemps au fond de son lit n'est pas compatible avec prendre son temps dans la salle de bain, avaler un petit dej' ET arriver à l'heure au boulot. La vie est mal faite et c'est vraiment trop injuste (pardon, inzuste!).
Ce matin pourtant, alors que tout avait plutôt mal commencé, s'est avéré plutôt plein de rebondissement. Voyez plutôt.

Bref retour en arrière et aux 45mn de nem sur matelas. D'ordinaire, quand je cède à l'appel sournois du douillet de ma couette et du moelleux de mon oreiller, je passe à la vitesse supersonique pour la suite, histoire de limiter les dégâts. Mais ce matin pas moyen. La flemme a la tentacule puissante et elle avait jeté son dévolu sur moi.
J'ai donc pris le temps de choisir ma tenue avec soin et d'évaluer consciencieusement le potentiel de groscul-ification de mon pantalon [sait-on jamais, des fois que je me sois changée en culbutto pendant la nuit]. Mais je n'ai pas zappé pour autant l'étape du ravalement de façade dans la salle de bain, ni le petit dej' avec ronron de chacha en option.

Après tout ça j'étais certes passablement en retard (voire carrément grave à la bourre) mais j'étais coiffée, bien maquillée et vêtue d'un petit décolleté qui va bien, de mes ballerines d'été et de la veste qui fait joli, et même de plutôt bonne humeur pour un lundi matin.
En arrivant à l'arrêt de bus, je constate que j'ai assez miraculeusement réussi à limiter les dégâts puisque je n'ai loupé que trois bus et que vu l'heure le suivant doit se trouver juste au coin de la rue. Evidemment, ça ne pouvait pas durer : il est mathématiquement impossible que j'arrive presque à l'heure au boulot ET de bon poil.

Effectivement, 5mn plus tard, toujours pas de signe du bus du coin de la rue.
Après 10mn, je commence à avoir froid aux pieds et il doit y avoir un sacré amoncellement de bus derrière ce fichu coin de rue.
Un quart d'heure d'attente et mon vague sourire a totalement disparu. Il y a normalement un bus toutes les 5mn et vu que mon trajet dure environ 1/4 d'heure, je devrais déjà être arrivée ! Au lieu de quoi je suis en train de perdre définitivement l'usage de mes pieds (fait froid le matin, j'aimerais bien vous y voir à piétiner sur place en ballerines d'été par 5°) pendant que tous les bus de la terre sont en train de se monter dessus derrière le coin de la rue !
Au bout de 20mn je suis à deux doigts (de pieds) d'appeler le boulot et dire que j'ai dû être amputée d'un doigt de pieds et que je peux pas venir travailler. Je fulmine tellement que je suis prête à mordre le premier gars en uniforme bleu et kaki qui me passera sous le nez, quand soudain (alléluia !) le coin de la rue libère les otages et m'envoie 3 bus à la queuleuleu. Bondés, évidemment.

Je me rue dans le premier, prête à arracher les yeux du chauffeur avec mes dents, mais je me contente de lui demander dans quel fuseau horaire exactement se situe son bus. Il n'a pas l'air de saisir l'allusion mais mon ton doit en dire assez long puisqu'il m'envoie d'un signe de tête vers l'arrière du bus en bougonnant "Ya une enquête d'opinion, allez râler là-bas".

Incroyable ! Une enquête d'opinion pile LE jour où je suis remontée à bloc ! Je jubile. Y va m'entendre çuilà, il tombe mal, il va se souvenir de sa journée ! Je fonce donc droit vers le fond du bus encombré, repère l'enquêteur (bleu et kaki, à l'assauuuuuut !!), tap-tap sur son épaule l'écume encore aux lèvres et là...
...le jeune homme le plus charmant de l'univers se retourne et me colle ses yeux verts en plein dans la figure. Le teint mat, cheveux noir de jais juste ce qu'il fait d'ébouriffés et avec un sourire ravageur il me répond "oui mademoiselle ?"
*rougis* *bafouille*
Penser à ravaler sa bave (de rage ! vous aviez oublié ? Ah vous aussi !) et prendre sa plus jolie voix de mademoiselle pour dire "excusez-moi, je voulais juste savoir ce qu'il s'était passé, ça fait 20mn que je vous attends" (...) "euh... le bus je veux dire".

Il s'est avéré qu'il ne s'était rien passé de plus qu'un banal embouteillage, et j'ai passé les 20mn suivantes à discuter avec le bel enquêteur. Je suis sortie du bus à mon arrêt sans rien oser demander ou suggérer de plus (quelle gourde !) mais toute ma rage s'est envolée et n'a pas reparu de la journée.


[Je suis sûre que la compagnie de bus a un stock de beaux spécimens qu'elle déguise en enquêteurs et propulse dans les bus trop en retard... bande de fourbes !]